mercredi 21 novembre 2012

De la vie suivant son cours

On trouve plus d'enseignants pour apprendre le "comment faire" que de Maîtres pour montrer l'exemple !




vendredi 9 novembre 2012

Une source de ressource pour se ressourcer...

Dans le cadre de mon étude de l'Architecture, des aménagements, et de la construction des espaces de vie en général, j'ai eu le bonheur de tomber sur ce texte que je souhaite partager avec vous :


Une pièce pour respirer

Nous avons une pièce pour chaque chose - pour manger, pour dormir, pour regarder la télévision - mais nous n'avons pas de pièce pour la pleine conscience.

Je recommande d'installer une petite pièce dans nos maisons que nous appellerons la "pièce pour respirer", où nous pourrons être seuls et pratiquer respiration et sourire, tout au moins dans les moments difficiles. Cette petite pièce devrait être considérée comme une ambassade du Royaume de la Paix. Elle devrait être respectée, inviolée par la colère, les cris ou ce genre de choses. Quand un enfant sera sur le point de se faire gronder, il pourra se réfugier dans cette pièce. Ni son père ni sa mère n'y pourront plus le gronder. Il sera en sécurité dans le périmètre de cette ambassade. Les parents aussi auront parfois besoin d'y trouver refuge - pour s'asseoir, pour respirer, pour sourire et récupérer. Du coup, cette pièce pourra servir à toute la famille.

Je recommande de décorer très simplement la pièce pour respirer et de ne pas trop l'éclairer. On pourra y installer une petite cloche qui fasse un joli son, quelques coussins ou chaises et peut-être un vase avec des fleurs pour nous rappeler notre vraie nature. Vous ou vos enfants pourrez faire les bouquets, en pleine conscience, tout sourire. Chaque fois que vous vous sentirez un peu découragé, vous saurez que la meilleure chose à faire, c'est d'aller vers cette pièce, d'en ouvrir doucement la porte, de vous y asseoir, d'inviter la cloche à tinter (dans mon pays, on ne dit pas "sonner la cloche") et de commencer à respirer. La cloche n'aidera pas seulement ceux qui sont dans la pièce pour respirer, mais toute la maisonnée.

Imaginez que votre mari est en colère. Comme il a appris à respirer, il sait que le mieux qui lui reste à faire est d'aller dans cette pièce, de s'asseoir et de pratiquer. Vous ne vous apercevrez peut-être pas qu'il y est allé ; vous étiez occupée à couper des carottes à la cuisine. Mais vous souffrez aussi, parce que vous venez justement d'avoir une altercation. Vous coupez les carottes un peu brutalement parce que l'énergie de la colère est prise dans ce mouvement. Soudain, vous entendez la cloche - et vous savez quoi faire. Vous arrêtez de couper et vous commencez à respirer. Vous vous sentez mieux, vous commencez peut-être même à sourire en pensant à votre mari qui sait quoi faire quand il est fâché. Il est assis dans la pièce pour réspirer, il respire et il sourit : c'est merveilleux, peu de gens font ça. Soudain, un sentiment de tendresse s'élève et vous vous sentez beaucoup mieux. Après trois respirations, vous recommencez à couper les carottes, mais cette fois d'une toute autre manière.

Votre enfant, qui a été témoin de la scène, a senti qu'une tempête était sur le point d'éclater. Elle s'est retirée dans sa chambre, a fermé la porte et a attendu en silence. Mais au lieu d'une tempête, elle a entendu la cloche et elle a compris ce qui était en train de se passer. Elle a été tellement soulagée qu'elle a voulu montrer sa gratitude à son père. Elle est allée lentement dans la pièce pour respirer, a ouvert la porte, est entrée tranquillement et s'est assise à côté de son père pour lui exprimer son soutien. Lui, cela l'aide beaucoup. Il se sent déjà prêt à ressortir - il est capable de sourire maintenant - mais comme sa
fille s'est assise là, il veut faire tinter la cloche de nouveau pour qu'elle puisse respirer.

Dans là cuisine, vous entendez la cloche pour la deuxième fois. Vous réalisez qu'il y a peut-être mieux à faire que de couper des carottes. Vous posez votre couteau et vous allez dans la pièce pour respirer. Votre mari a conscience que la porte s'ouvre et que vous entrez. Alors, bien qu'il soit maintenant tout à fait bien, puisque vous entrez, il reste encore quelque temps et fait tinter
la cloche pour que vous puissiez respirer. C'est une scène-trés belle.
Si vous êtes très riche, vous pouvez acheter de magnifiques Van Gogh et les accrocher dans votre salon. Mais ce sera moins beau que cette scène dans la pièce pour respirer.
La pratique de la paix et de la réconciliation est l'une des actions actions humaines les plus belles et les plus artistiques.

Je connais des familles où les enfants vont dans la pièce pour respirer après le petit déjeuner. Ils s'y assoient, ils respirent ("dedans-dehors : une fois", "dedans-dehors : deux fois", "dedans-dehors : trois fois") et ainsi de suite jusqu'à dix, puis ils vont à l'école.
Si votre enfant n'a pas envie de respirer dix fois, peut-être que trois fois suffisent. Commencer la journée de cette façon est très beau et très utile a toute la famille.

Si vous êtes pleinement conscient dès le matin et essayez de nourrir la pleine conscience tout au long de la journée, vous serez peut-être capable de rentrer chez vous le soir avec le sourire, ce qui prouvera que la pleine conscience est toujours là.

Je crois que toute maisonnée devrait avoir une pièce pour respirer.
De simples pratiques comme la respiration consciente et le sourire sont très importantes. Elles peuvent changer notre civilisation.

Thich Nhat Hanh, extrait de "La sérénité de l'instant".